« L’inspiration ça va, ça vient. » À ce qu’il paraît. Journaliste, spécialisé dans les récits glauques et sanglants, Brian Kessler (David Duchovny, vu notamment dans X-Files : Aux frontières du réel) décide – après qu’une maison d’édition lui est offert un contrat - d’aller chercher la sienne, d’inspiration, en remontant la trace de tueurs en série. Avec sa photographe de compagne : Carrie Laughlin (Michelle Forbes, Los Angeles 2013). Mais pour pimenter le tout et surtout partager les frais de ce road trip, il décide de passer une petite annonce. Un drôle de gus, Early Grayce (Brad Pitt), accompagnée par sa copine Adele Cornes (Juliette Lewis, Tueurs nés), y répond. C’est le début d’un road trip qui lentement mais sûrement se transforme en tournée criminelle. Par ici, la Kalifornia.
UN VERY BAD TRIPES
Convaincu qu’il faille remonter le temps pour documenter son travail sur les tueurs en série, Brian n’a que faire que ses compagnons de voyage n’inspirent aucune confiance. Et ce même si Carrie tente de l’en dissuader. Cette expédition pédagogique se fera ou ne se fera pas sans Early et Adele. Mais le premier, ex-repris de justice qui le couteau facile, n’a pas la même soif d’apprendre. Au contraire. Entre les deux hommes, naît une incompréhensible amitié qui laisse au fur et à mesure séquelles et corps sur le bas-côté, ou encore dans les toilettes d’une station-service. Jusqu’à l’inévitable affrontement final.
PITT EN MÉCHANT MÉCHANT
Des rôles de méchant méchant, Brad Pitt n’en a pas énormément interprété dans sa richissime carrière. Des criminels oui comme dans The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford, Killing Softly, ou encore Cartel, etc. Mais celui-ci est peut-être le seul dans lequel il en joue un ; en l’occurrence un psychopathe libéré récemment sur parole.
Et tout ceci apporte une touche certaine à l’ensemble.
WELCOME TO AUTEL KALIFORNIA
Au-delà de reconnaître les traits si familiers de Brad Pitt sous une caquette de confédéré, si bien vissée sur la tête qu’elle l’empêche de mener réflexion, et une barbe plutôt fournie, ce qui est fascinant dans Kalifornia, c’est justement la fascination exercée par Early sur Brian, le débile qui fascine l’intellectuel. Misogyne, violent, mais aussi tueur en série, il ne manque plus que le côté ouvertement raciste pour que toutes les cases du dégénéré profond et dangereux soient cochées.
Le rapport de forces, qui s’effectue à mesure que le groupe passe de scène de crime en scène de crime, entre celui qui détient la puissance intellectuelle, financière et celui qui détient la puissance physique et de feu - avec ces victimes innocentes sacrifiées sur l'autel de la bêtise pure et dure - pourrait allègrement faire l’objet d’une étude. C’est dire si Kalifornia – sorti en 1993 et par ailleurs disponible sur Prime Video - est le vieux bon thriller qu’il pense être. On finirait presque par croire que vraiment : « L’inspiration ça va, ça vient. »